IL SUFFIT DE PEU

de Martine Drai


Mise en scène   Claudia Calvier Primus 

Avec Marie-Pierre Mazzarini & Charles Kieny 


Une clocharde regarde ceux qui la regardent. Elle leur parle d’eux, de leurs petites vies pressées, de leurs horaires, de leurs regards, des questions qu’ils n’osent pas poser. Elle peut répondre. Elle peut se raconter. Elle raconte à qui veut l’entendre comment elle en est arrivée là : un simple rêve, et toute sa vie a basculé. Pas n’importe quel rêve. C’était le rêve d’un manteau. Un beau manteau, d’un gris insoupçonné. Toutes les nuits le rêve revenait.

Jusqu’à cet instant entre rêve et réalité où sa vie de pauvre gourde bascule : ce manteau gris devient l’incarnation de sa soudaine prise de conscience... la remarque humiliante d’une chef…

Et le départ vers ce qui sera sa deuxième vie. Enfin, elle raconte encore ce jour où elle a accepté le bizarre contrat proposé par un Anglais fou qui devait se livrer, devant elle, à une insolite partie de tennis...


La musique improvisée de Charles Kieny vient ponctuer le récit, lui apportant plus derondeur et de couleurs. Complice des mots, elle en prolonge la poésie etl’humour.

Ce spectacle est avant tout le portrait d’une personnalité ambiguë, sauvée par sa capacité à rire d’elle-même et la découverte de sa grandeur sous son apparente décrépitude. Avec des mots simples et beaucoup de poésie, l’auteure raconte l’existence d’une femme sans identité, sans attaches.


Georgette est une héroïne en rupture. Une femme aux semelles de vent.

Ce personnage nous montre à sa façon  qu’on peut trouver la liberté et le bonheur parfois là où on ne les imagine pas. Hors des conventions sociales, chacun peut les découvrir un jour au détour de son chemin. 


MON SUICIDE



« Le 24 novembre, j’étais dans le métro, à Paris. Une femme, cheveux de paille grisonnants, manteau souillé et sacoche surannée en bandoulière, monte à Jaurès. D’une voix espiègle elle se présente et demande quelques pièces pour l’aider et pour manger. Elle s’appelle Chantal et affiche un franc sourire malgré les regards blasés, déjà trop habitués à ces « crève-la-faim» modernes. Je la regarde en pensant à Georgette, le personnage de Il suffit de peu. Je me dis que si Georgette existait dans la vraie vie, ce pourrait être cette femme. Elle est lumineuse sous sa décrépitude... Elle s’approche de moi, d’un bon pas, me balance son laïus, avec a bonne figure et ses yeux rieurs. Je suis émue mais aussi amusée. Je lui donne quelques pièces. Elle me remercie et me tend un papier « en cadeau ». Je la remercie à mon tour et jette un coup d’œil sur cet inattendu présent en descendant sur le quai. Je ne vois qu’un mot, en rouge : « Suicide ». Un petit dépliant d’une association. Je marche tremblante vers la rue, les larmes en suspens.

Voilà... Ces deux minutes venaient de résumer tout ce que depuis plusieurs semaines je me hasardais à coucher sur le papier. » 


Marie-Pierre Mazzarini



Mon suicide de Henri Roorda / Cie Entre les Actes





Le texte de Roorda est un récit à la première personne. La compagnie Entre les actes propose une adaptation théâtrale pour deux voix, deux protagonistes : 


Elle, professeur de mathématique, écrivaine, humoriste décidée à «s’infliger la peine de mort».


Lui, secrétaire privé et homme à tout faire, tente de la ramener à la raison ou en tout cas de lui démontrer que l’on peut aussi s’accommoder de ce monde.


Conscience et inconscience, fantaisie lucide et sagesse naïve, maître et élève. On pensera spontanément à un Alceste et un Philinte des temps modernes.


La musique de A la LOop ponctue ses temporalités et associe des instants à des sons, des accords et des enregistrements parlés ou chantés.


Mise en scène     Claudia Calvier Primus


Chorégraphie   Ana Talabard


Avec    Marie-Pierre Mazzarini & Sullivan Da Silva


Musique originale   A la LOop

Création vidéo   Singapour 1939 production & Lydie Tremblet



PRÉSENTATION
Le Suisse Henri Roorda a écrit Mon Suicide en 1925, avant de mettre effectivement fin à ses jours. Dans cet ultime texte, il expose sur un ton paradoxal et personnel qu’il qualifie par l’oxymore « pessimisme joyeux », les raisons qui le conduisent à commettre un tel geste. Désabusé et vaillant à la fois, il construit sa pensé; Comment vivre « dans un monde où l’on doit consacrer sa jeunesse à la préparation de sa vieillesse » ? Ou comment imaginer passer sa vie à être prudent, économe, frileux,besogneux ? Cette perspective est insupportable pour Roorda qui rêve d’oisiveté, de jouissance physique et intellectuelle. Cependant, loin de construire une pensée mélancolique, il ne cesse de laisser couler ça et là une verve drôle et dynamique. Avec son cynisme, il amuse son lecteur qui ne peut s’empêcher de lire, en filigrane, la longue et amère expérience quotidienne du malheur humain. En cela, Roorda est à rapprocher de Tchékhov.
L’auteur helvète donne à son expérience personnelle une portée universelle. Il lance un appel à ceux qui ne trouvent pas leur place dans une société où décidément rien n’a été imaginé pour eux. Le processus d’authentification est en marche pour le lecteur et se révèle d’autant plus aisé que le texte fait écho de manière troublante à notre monde et à nos préoccupations actuelles. En effet, Roorda écrit depuis une période troublée ; celle qui précède la grande crise de 1929. La modernité du texte tient sans doute à la proximité de ces deux temps de crise, de ces deux époques pessimistes et peu joyeuses où l’économie gangrène l’humanité.

Irrespectueux, provocateur, Roorda au moment de clore son parcours d’écrivain et d’homme conclut :
« Je me faisais de la vie une idée tout à fait fausse. J’accordais beaucoup trop d’importance à ce qui est exceptionnel : l’enthousiasme, l’exaltation, l’ivresse. Ce qui occupe presque toute la place dans une vie humaine, ce sont les besognes quotidiennes et monotones, ce sont les heures où l’on attend, les heures où rien n’arrive. L’homme normal est celui qui sait végéter.»

" C’était un grand humoriste, désespéré, tolérant, d’une lucidité dévastatrice, gai comme un lapin. Pourquoi est-il à ce point oublié ? Peut-être parce qu’il était suisse, et que, cliché aidant, on ne s’attend pas à entendre un grand éclat de rire éclater en Suisse. (…) Pour lui, l’ignorance n’était pas le plus grand des maux : il fallait surtout procéder au «débourrage des crânes ».
Rien n’a changé.
Rien à changer. "


Jean-Luc Porquet, Le Canard Enchaîné



UN CHANT DE NOËL
De Charles Dickens

Conte musical


Mis en scène et conté  par     Marie-Pierre Mazzarini
Création musicale de            Charles Kieny


Tout public, conseillé à partir de 7 ans

Durée     45 minutes




Charles Dickens adore les histoires de fantômes. Ses spectres sont parfois terriblement inquiétants et parfois comiques. Un chant de Noël raconte l’histoire d’Ebenezer Scrooge, un vieil Harpagon. Rien ne compte pour lui que d’exploiter son prochain, et notamment Bob Cratchit, son commis. Il déteste tout, et particulièrement Noël, ce « jour où vous vous trouvez plus vieux d’une année et pas plus riche d’une heure ».


Bref, Scrooge est un affreux.


Une veille de Noël, le voilà qui reçoit la visite de Jacob Marley, son ancien associé… mort depuis sept ans. Le fantôme de Marley vient le prévenir : Scrooge doit changer, sans quoi il portera pour l’éternité les chaînes du remords. Il va d’ailleurs recevoir la visite de trois spectres, ceux des Noëls passés, du Noël présent et des Noëls à venir, qui vont lui faire comprendre qu’une rapide rédemption s’impose…


Un moment plein d'humour, de suspens, de tendresse et d'humanité.


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